A la folie...



Sur un canapé, un homme et une femme racontent à leur manière l'histoire de leur couple.
Ils se sont rencontrés à la fac, se sont mariés rapidement; elle, a arrêté ses études pour se consacrer entièrement à son mari; lui, occupe un poste stressant, mais veut subvenir aux besoins du couple.
Un jour, une dispute éclate, le dialogue s'envenime, puis c'est la gifle; violente. Elle a un bleu. Elle lui pardonne, puisqu'il s'est excusé.
Mais bientôt, c'est l'engrenage: après les gifles, ce sont les coups, les humiliations verbales et physiques, puis les viols à répétition; lui, dans son récit, n'a pas conscience de la gravité de ses gestes. Elle, cherche à en parler à sa mère, qui lui répond qui depuis l'aube des temps, les hommes corrigent leurs femmes, qu'il n'y a rien que de très normal; elle lui assène que dans la famille, on ne divorce pas.
Ce n'est que lors d'une scène particulièrement violente, où lui, en concurrence avec une femme à son travail pour un poste important, décharge sa frustration et sa violence sur elle, qu'elle trouve enfin le courage d'aller porter plainte.
Après un examen médical éprouvant, elle est envoyée dans un foyer pour femme battue; lui, incrédule, est convoqué au commissariat, s'indigne, on n'enferme pas les gens qui battent leur chien, non?
Pourtant, la situation semble s'améliorer: le procureur, contacté par le directeur du mari, est clément avec lui, et ne fait que le mettre en garde, devant son repentir, sincère; elle, l'aime encore, et il lui manque.
Les retrouvailles sont émouvantes, ils font l'amour comme au premier jour. Au matin, elle lui apporte le petit déjeuner au lit, il se réveille en sursaut à la caresse de sa femme, le café se renverse sur lui. Enervé, il la gifle brutalement.
Seulement, lui, elle, sur ce canapé, diront qu'ils s'aiment.

Cette BD est bouleversante de réalisme, d'émotions, mais aussi de pudeur; et une BD, ça se lit, mais surtout ça se regarde: James, le dessinateur, nous donne envie de hurler avec la femme, devant l'indifférence de la mère, l'impuissance des amis, la complicité du patron, l'incompréhension de l'homme... Autant d'éléments qui nous font entrevoir la dureté et la solitude de la situation de cette femme, de ces femmes, qui, malgré tout, continuent à aimer. A espérer.

En 2008, 157 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints, soit une femme qui décède tous les deux jours.

A la folie...
Sylvain Ricard & James, chez Futuropolis, et dans toutes les bonnes librairies!

Aymellyne


25/04/2010
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