L'ange de l'autoroute, Roberto PIUMINI

Roberto Piumini, né à Edolo en Italie en 1947, est diplômé de pédagogie et a travaillé dans l'enseignement, la presse et le théâtre.

 

Et alors, me direz-vous ? Et bien, Rouge Inside, petite maison d'édition lyonnaise qui "défend le romanesque comme les expérimentations en prose, les formes neuves", nous propose de découvrir Roberto Piumini à travers la traduction d'un titre pour adultes. Roberto Piumini a déjà été traduit en français, mais exclusivement, si je ne m'abuse, pour ses titres jeunesses comme La Verluisette, Livre de Poche Jeunesse. Elle aurait pu choisir la facilité et traduire Tre d'amore qui a reçu le prix Piero Chiara en 1991. Mais non, elle a choisi de faire confiance à une jeune traductrice, Lucie Moreno-Garnier, une jeune arlésienne trilingue, qui a vécu à Venise et qui s'est enthousiasmée pour le style de Piumini.

 

Angelo di Autostrada est une nouvelle publiée en 1997 par Einaudi. En 2010, Lucie Moreno-Garnier nous offre une traduction ciselée d'une histoire déroutante.

 

Le récit se déroule sur une autoroute italienne qui n'en finit pas. Nous sommes plongés dans les pensées d'un homme seul, sur la route. Non, sur l'autoroute, un univers familier sur lequel l'auteur jette un regard ironique. Un univers symbolisant ses contemporains.

Dans cet univers ordinaire et "grotesque", nous assistons à une rencontre "onirique", déconcertante, de l'automobiliste et d'une auto-stoppeuse. Ils partagent un moment de vie dans l'habitacle d'une voiture. Une relation insolite, avec un "Je t'aime" prononcé comme une lapalissade, une disparition momentanée, une course poursuite... Le lecteur doute, il ne sait plus s'il est plongé dans un rêve ou dans une réalité étrange.

Une nouvelle fantastique dans la veine d'E.T.A. Hoffmann, où" l'intrusion de faits inexpliqués mais théoriquement explicables dans un contexte connu du lecteur provoque l'hésitation du lecteur entre l'acceptation du surnaturel en tant que tel et une tentative d'explication rationnelle" (je vous renvoie au théoricien de la littérature fantastique, Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Seuil, 1971).

 

Comme une lecture arrive rarement par hasard, celle-ci est largement influencée par le cotoiement quotidien de la traductrice, qui travaille comme coordinatrice éditoriale chez Panini. J'ai, le même mois, été invitée à la projection de Beau rivage, un film de Julien Donada, dans lequel j'ai retrouvé les personnages de Piumini. Un homme et une femme. Une rencontre insolite. Entre rêve et réalité, où se trouve la vérité ?

 

Le film commence par le passage de Michel Matarasso (interprété par Daniel Duval) dans un centre commercial proche de Nice, où une vendeuse l'interpelle pour lui donner un maillot de bain qu'il aurait acheté et oublié, quelques jours auparavant, avec sa femme... Mais, il n'en a aucun souvenir. Ce policier niçois nous apparaît alors comme un homme fatigué, perdu. Alors qu'il est chez une amie, il aperçoit sur un balcon voisin, une femme en maillot qui semble se faire bronzer. Le lendemain, ou le surlendemain, il regarde de nouveau ce même balcon et la jeune femme semble ne pas avoir bougé... Michel descend alors demander les clés de l'appartement au concierge et pénètre dans cet appartement. Le plan suivant, nous montre des policiers en bas de l'immeuble, la jeune femme s'est suicidée. Comment, pourquoi cet homme a-t-il compris ce qu'il se passait ? Connaissait-il Sandrine Bandini (alias Chiara Caselli) ? Se sont-ils réellement aimés ?

L'apparition de cette jeune femme va bouleverser la vie de ce flic en déshérence comme l'apparition de l'auto stoppeuse va bousculer la banalité du trajet de l'automobiliste.

 

L'Ange de l'autoroute, Roberto PIUMINI, traduit de l'italien par Lucie MORENO, Rouge Inside, 2010.

 

Laetitia

 



28/11/2010
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 10 autres membres