Monestarium, de Andrea H. Japp
En l’an de grâce 1307, intrigues et meurtres autour d’une étrange relique.
Un roman policier médiéval dans l'abbaye de femmes des Clairets.
Voilà comment l’on pourrait résumer en quelques mots ce roman d’Andrea H. Japp. J’avoue que ce livre m’a intrigué dès que je l’ai aperçu : un titre latin simple et sublime, une couverture alléchante, un résumé aguicheur, une atmosphère rappelant Le Nom de la rose, une auteur connue. Tout était réuni pour que je dévore ce livre et mette en suspens mes autres lectures... Et bien l’intérieur n’a pas été à la hauteur de mes attentes.
Il est vrai que l’intrigue, où plutôt la pléthore d’intrigues, est rondement menés, même si parfois l’on si perd un peu avec tous ces personnages ayant chacun leur histoire personnelle. Et c’est le premier reproche que je ferai à ce livre : trop de personnages, trop d’histoires personnelles qui, comme par hasard, tournent toutes plus ou moins autour de cette mystérieuse relique ramenées d’Égypte il y a une vingtaine d’années. Les coïncidences font parfois bien les choses, n’est-ce pas ? Le fait que l’auteur accumule sans cesse des questions sans réponse pendant les trois quarts du roman à de quoi déconcerter les plus téméraires des lecteurs. Force est de constater qu’entre les noms à rallonge – Plaisance de Champlois, Marie-Gilette d’Andremont, Hucdeline de Valézan et j’en passe – et les fonctions des différentes soeurs – la soeur cherche, la soeur dépositaire, la soeur aopthicaire, etc. – le lecteur à parfois du mal à se rappeler que telle histoire découverte 50 pages auparavant se rattache à tel personnage. Cela n’aide en rien la compréhension du lecteur.
Le problème majeur de ce roman est selon moi le cadre même de l’histoire. Je m’attendais à un huis clos dans une abbaye, avec ses secrets d’alcôve et de mensonges, ses trahisons et ses luttes pour le pouvoir. En cela, je n’ai pas été déçu, même si cela me semble hautement improbable que tant de soeurs aient des secrets à cacher. Mais je ne suis pas spécialiste du domaine. Ce qui m’a véritablement désapointé, c’est que ce lieu, fermé et coupé du monde normalement, n’a pas selon moi rempli son office : je n’ai pas eu l’impression d’être dans un espace clos, fermé, tant les histoires personnelles des soeurs prennent le pas sur la vie au sein de l’abbaye. Andrea H. Japp s’intéresse plus aux vies passés des nonnes qu’à leur vie actuelle en communauté et aux drames qui surviennent en son sein, et cela m’a fortement dérangé au moment de la lecture.
Malgré ces lacunes – toutes personnelles, j’en conviens – Monestarium reste cependant un agréable roman policier, même si l’intrigue ne m’a pas ébloui, et encore moins le rebondissement final et les petites explications rapides des intrigues secondaires à la fin du roman. Mais le titre ne colle pas vraiment selon moi avec le sujet, puisque l’ambiance particulière du lieu n’est pas essentielle au déroulement de l’action.
Monestarium, de Andrea H. Japp
Livre de Poche, 2010, 6,95€
Paul-Etienne